Vincent Meyer est sociologue, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Côte d’Azur. Il effectue ses recherches au sein de l’URE TransitionS rattachée à l’Institut méditerranéen, du risque, de l’environnement et du développement durable (https://imredd.fr/). Si, il a particulièrement mené des travaux dans le champ du social et médico-social, ces derniers l’ont amené à traiter des communications d’action et d’utilité publiques et celles développées sur différents territoires notamment en lien avec les technologies numériques. Le lecteur pourra retrouver ses ouvrages dans la rubrique dédiée de son blog http://vmeyer.canalblog.com/

1. Vous travaillez depuis plusieurs années la question des prises en charge institutionnelles des personnes en situation de handicap, de fragilité et/ou de vulnérabilité et du travail social lato sensu. Comment percevez-vous leur inscription dans les sciences de l’information et de la communication ?

Mes travaux s’inscrivent prioritairement en communication des organisations avec également, dans mes premières publications, une mobilisation des apports de la communication de masse. L’ouvrage de 2004 Interventions sociales, communication et médias issu de ma thèse est emblématique à cet égard. En effet, je voulais montrer comment les souffrances physiques et sociales des individus comme les « bonnes actions » pour y répondre se manifestent dans l’espace public et commandent plus que jamais une maîtrise des outils et des techniques de communication. Cette question de la manifestation (interpersonnelle et/ou médiatique) des souffrances et son impact sur notre croyance dans la réalité du malheur d’autrui reste omniprésente. Celui de 2005, Communication organisationnelle et prise en charge du handicap mental, problématise-lui, les formes et intentions de communication dans le monde encore trop clos des prises en charge du handicap mental. J’y exploite mon expérience de praticien et celle acquise dans mes recherches en sciences de l’information et de la communication. J’y porte un regard critique sur les compétences des professionnels à communiquer sur leurs pratiques tout en proposant une réflexion sur le sens et la valeur d’une information en milieu institutionnel auprès de personnes lourdement handicapées. Ces deux ouvrages « piliers » où les actions en communication restent essentiellement humaines, m’ont permis également de détailler, d’une part, l’intérêt dans ces domaines de mobiliser des démarches de recherche-action ; d’autre part, de m’intéresser à une évolution de plus en plus déterminante : celle que je qualifie de transition digitale. À la suite, plusieurs ouvrages traitent des pratiques et usages des technologies numériques au service de ces publics en situation de handicap comme des professionnels qui les accompagnent. Des pratiques et usages où des dispositifs sociotechniques « non-humains » prennent progressivement place et impactent fortement les prises en charge. En effet, comme l’indique avec pertinence Madeleine Akrich (2006), les technologies numériques ont bel et bien déplacé « certaines compétences humaines ou sociales dans les objets techniques » [et] « préforment les relations qu’ils suscitent ou supposent entre les différents acteurs du champ ».

2. Le thème de l’acceptabilité sociale est actuellement très présent dans vos travaux. Au sein de votre laboratoire, les recherches s’effectuent notamment dans ce cadre autour des usages des objets connectés et de l’impression 3D alimentaire. Quels peuvent être les éléments communs d’acceptabilité de ces différents sujets ?

Merci de cette question qui me permet de détailler la manière dont nous nous mobilisons – au sein de l’IMREDD et sa chaire UX for Smart Life Experimentations – cette « notion-outil » au sens de Gérald Gaglio (2011/2021) qu’est l’acceptabilité sociale des innovations en général et, celle liée technologies numériques en particulier. Elle nous oblige d’abord de reposer à nouveaux frais – et ceci est très stimulant – les questions d’une fracture versus d’une inclusion numériques. Ensuite, guidé par cet impératif d’une recherche participative/action – quand d’aucuns voudraient « accélérer » auprès de différents publics et/ou territoires l’acceptabilité de diverses innovations – nous, nous nous attachons à décrire, caractériser et qualifier un entrelacs formé par deux triptyques : « dispositifs, publics, pratiques » ; « accès, appropriation, usages ». De quoi s’agit-il précisément pour TransitionS ? Pour ne prendre que l’exemple de l’impression 3D alimentaire autrement dit, la fabrication additive de pièces comestibles fonctionnelles/nutritionnelles. Les dispositifs sont les technologies et leurs supports (ici l’imprimante que nous ouvrons telle une boite noire à l’aide même des concepteurs). Les publics sont, dans cette recherche, des personnes atteintes de cancers de la région cervico-faciale, des personnes handicapées et âgées dépendantes en institution ainsi que les professionnels et les aidants qui les accompagnent (publics pour lesquels nous proposerons des compléments alimentaires conçus en coopération avec l’INRAE Centre Clermont Auvergne-Rhône-Alpes). Les pratiques sont celles qu’offre, commande ou donne à voir le dispositif (e.g. un mode d’emploi et son cadre, des fonctionnalités spécifiques…). L’accès représente les possibles mises à disposition et en fonction de pareille imprimante depuis la sécurité alimentaire aux questions éthiques en passant par la dimension économique). L’appropriation où nous saisissons le point de vue de différents utilisateurs potentiels et/mais surtout les controverses que génère cette innovation – et gageons que ceci intéressera au premier chef votre académie – et celles que produisent les tiers intéressés surtout dans un pays comme la France où la gastronomie, l’art de la table, le goût de l’authentique dans l’alimentation relèvent de multiples « autorités ». Les usages (ou non-usages) enfin i.e. les prises en main effectives comme leurs possibles détournements.

3. Votre prochain ouvrage aura pour titre « Communiquer une souffrance ? ». Comment peut-on apprendre à voir la souffrance et surtout à communiquer afin que sa perception puisse s’accompagner d’un passage à l’action pour la réduire ?

Vaste question que j’ai commencé à traiter avec mon « maitre ouvrage » selon l’expression consacrée, de 2004, mais dont les déclinaisons et développements étaient à ce point conséquents qu’il fallait aller plus loin. L’annonce de cet ouvrage comme sa présentation infra, vous en avez ici, en quelque sorte, la primeur. Il veut être une contribution aux débats sur le développement et l’efficacité des formes et intentions de communications dans ce domaine, de leurs supports et stratégies dans divers champs d’application en ce début de XXIe siècle. Ceci autour d’une question récurrente : comment montrer à autrui via l’image, le son et/ou un contenu écrit (sur différents supports), la souffrance de personnes en situation de handicaps, de fragilité et/ou vulnérabilité (et ses déclinaisons en « causes » grandes ou petites, en plan d’action en faveur de, en urgence à agir…). Autrement dit, comment la faire reconnaitre (par/pour différents publics, décideurs, donateurs, aidants, bénévoles…) en associant cette « monstration » ou « esthétisation » aux professionnalités aptes à y répondre (i.e., les régimes d’action pour dé-montrer qui est vraiment « compétent » pour le faire). J’ai souhaité en faire une présentation à la fois critique et compréhensive, en dégageant – sans tomber dans la forme « manuel » – des pistes de travail dans et pour la recherche en sciences de l’information et de la communication. Ce livre sera/fera aussi une synthèse des points saillants de travaux menés depuis près d’une vingtaine d’années dans les champs professionnels du social, du médico-social et du sanitaire en France dans le cadre de leurs communications (interne, externe, réticulaire) et au sein de leurs organisations respectives. Il consacrera aussi plusieurs lignes sur le traitement info-communicationnel sur le débat très sensible de la fin de vie.

4. Parmi vos références figure Pierre Teilhard de Chardin. Nous connaissons tous le géologue, théologien, philosophe, paléontologue, ses réflexions sur la spiritualité et ses espoirs d’émergence de la noosphère. On distingue toutefois difficilement la relation entre ses travaux et les sciences de l’information et de la communication. Comment les reliez-vous ?

Le Révérend Père Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955) est, pour moi, un des scientifiques français qui a profondément marqué le XXe siècle. Comme je l’indique dans ma recension parue dans le numéro 30 de la revue Communication et Organisation https://journals.openedition.org/communicationorganisation/11777 d’un ouvrage de Bruno Dufay (2021) Teilhard de Chardin : toujours d’actualité : numérique, transhumanisme, écologie, non-discrimination… je l’ai seulement découvert au début des années 90, entre les lignes, grâce à l’ouvrage de référence de Robert Escarpit Théorie générale de l’information et de la communication (1976). Il est vrai que ce sont souvent les notions phares de noosphère et/ou point oméga qui retiennent l’attention des lecteurs. Pour ma part, c’est son analyse de l’entropie, comme involution, qui nous rappelle autant le mode dégradé de notre évolution humaine que le désordre permanent que nous voulons/croyons dominer en ce monde dans ce qu’il dénomme presque poétiquement « l’agrégation persistante d’individus biologiquement voisins en populations interfécondes ». Toutes les formes et intentions de communication y contribuent, non ?

Je me permets ainsi de renvoyer vos lecteurs aux lignes que je lui consacre dans deux chapitres « En avant ! L’équilibre avec Pierre Teilhard de Chardin » https://www.editions-harmattan.fr/livre-l_equilibre-9782343217956-67954.html et « Résonances entre noosphère et village planétaire : un développement des villes intelligentes » https://www.pressesdesmines.com/produit/fractales-et-resonances/

Concertation, acceptabilité et réussite

La montée de la thématique environnementale comme expression d’une contestation croissante dans ce domaine a mis en avant, du côté des décideurs politiques et économiques, l’idée d’une « acceptabilité sociale » des projets. Cette idée est souvent reprise, également, par des recherches académiques qui assument ainsi de prendre comme point de départ du raisonnement les décisions fonctionnelles des entreprises ou de l’Etat. Cette démarche est un parti pris qui ne repose pas sur des bases théoriques explicitées.

Selon mon point de vue, et en m’inscrivant dans la perspective de la théorie duale de Jürgen Habermas, la notion « d’acceptabilité sociale » des projets n’est pas fondée. En effet, la posture qui sous-tend l’idéologie de l’acceptabilité sociale postule implicitement une répartition des rôles entre les parties prenantes marquée par une dynamique qui part de la conception d’un projet et s’étale vers l’expression du public. Les activités et les projets apparaissent ainsi comme étant pensés, en amont, par les experts et les autorités étatiques et/ou économiques puis soumises au test d’acceptabilité pour intégrer, le cas échéant, quelques aménagements. Une perturbation est alors certes, envisagée, mais le système garde l’essentiel du contrôle.

En contrepoint, il n’est jamais question d’acceptabilité industrielle – ou politiques – de revendications civiques dont la marque normative est de faire valoir des exigences universalisables ou universellement partageables (telles que la protection de l’environnement, de la santé, quoi qu’il en coûte, … autrement dit, détachées de tout calcul économique ou électoraliste).

Dans cette perspective, à la notion d’acceptabilité sociale pourrait être substituée celle de légitimité des décisions fonctionnelles. Ceci met en évidence le fondement théorique selon lequel, dans des domaines de la vie symbolique, les exigences universalisables doivent être premières, autrement dit, constituer le ressort de la transformation de la société puisqu’elles fondent la légitimité des décisions. Inverser l’orientation de la dynamique nécessite de considérer la manière dont le système économique et le système politique sont susceptibles d’y répondre. Le raisonnement part alors du processus de formations des exigences universalisables pour étudier les conditions dans lesquelles ces exigences peuvent être prises en compte par le système.

La concertation est une voie possible pour affirmer et mettre en œuvre une telle orientation. Elle ne représente pas pour autant une solution magique. Depuis plus d’une vingtaine d’années, la littérature sur les expériences de concertation publique met clairement en évidence la complexité du processus. Malgré l’importance accordée à la nécessité de procéduraliser de façon contraignante ces espaces de débat, il n’y a aucune relation mécanique entre le format d’un débat et son issue, rendant sa portée démocratique toujours improbable. Pour exemple, si je me réfère à mes propres travaux, y compris lorsque la concertation se structure, procéduralement, sur la base d’une confrontation des points de vue visant leur évolution et, le cas échéant, leur convergence vers un « arrangement », le processus de concertation peut aboutir à une radicalisation accrue des positions et durcir le conflit. D’autres analyses m’ont permis d’observer que la concertation peut être un levier pour renforcer l’espace public (au sens habermassien du terme, c’est-à-dire contribuer à élargir le débat démocratique au-delà du périmètre de la concertation initiale).

La difficulté de la concertation réside également dans la complexité du processus de décision, qui doit à la fois répondre à des exigences universalisables : par exemple le recours à des énergies renouvelables, mais qui doit inéluctablement faire face à des intérêts particuliers.

Par conséquent, la contingence du processus de concertation rend toujours improbable l’adhésion à un projet et ne représente en aucun cas une voie privilégiée « d’acceptabilité sociale des décisions fonctionnelles ».

Concertation et confiance

Il est tentant, et stratégique, pour les décideurs de faire appel à la confiance du « grand-public » ou de ses représentations associatives. Cet appel à la confiance part d’une analyse selon laquelle la contestation des décisions environnementales, qu’elles soient économiques ou politiques, refléterait une méfiance qui se serait progressivement instaurée vis-à-vis du « système ». Ainsi serait-on passé, dans les sociétés démocratiques mais parfois ailleurs, comme en Chine, d’une situation de non-contestation environnementale reposant sur la confiance dans les activités industrielles à une méfiance vis-à-vis de l’industrie (éventuellement de la finance) et d’un Etat qui la soutient.

Bien entendu, cette idée ne part pas de rien. On peut en effet, et facilement, constater qu’un basculement s’est opéré à partir des années 1960-1970 jusqu’auxquelles aucune manifestation anti-industrie ne s’observe. Comme le disent certains : dans les années 1970, les fumées d’usine sont des signes d’activité, donc d’emplois, de revenus ; aujourd’hui, il s’agit de signes de pollution alors même que ces fumées se sont significativement estompées.

Faut-il, pour autant, en conclure au passage d’une ère de la confiance à une ère de la défiance qu’il faudrait gérer spécifiquement ? Je ne soutiendrai pas cette idée, pour deux raisons. 

  • La première tient à la faible portée théorique de la notion de confiance pour traiter des questions environnementales. Outre le fait qu’il n’y a pas qu’une seule définition ou un seul concept de ce qu’est la confiance, ce qui n’a rien d’original en sciences sociales, il n’y a aucun fondement qui pourrait laisser supposer que les « parties prenantes » puissent se faire confiance. En effet, la confidentialité économique ou le secret-défense (nucléaire) sont des marques de fermeture des organisations économiques et politiques vis-à-vis du public, et il peut sembler paradoxal que les décideurs puissent lancer des appels à la confiance alors même qu’ils revendiquent le secret des affaires. Cette insistance sur une confiance non-réciproque peut d’ailleurs conduire à remettre en cause le système (économique et/ou politique) quand les associations s’interrogent sur les raisons d’une telle insistance.
  • La seconde réside dans l’idée que les processus sociaux qui sont actifs dans la thématisation publique de l’environnement ne peuvent être traités en termes de confiance, méfiance, défiance, dès lors qu’ils opposent des visions différenciées du monde des risques (technologiques en l’occurrence). En effet, la contestation environnementale ne met pas spécifiquement en cause un déficit de sécurité des installations, chimiques ou nucléaires. Elle part du principe que, puisque le risque zéro n’existe pas, la catastrophe est alors inéluctable : ce n’est qu’une question de temps. Rien ne garantit qu’elle ne puisse pas se produire à quelque moment que ce soit. Autrement dit, c’est l’existence des activités qui est contestée, et la critique de la gestion des risques a une dimension tactique venant à l’appui du rejet de la présence d’activités. Ceci marque une différence entre, d’une part, activités contestées et, d’autre part  activités non contestées (le transport ferroviaire, par exemple) où seul le défaut de sécurité est mis en cause.

En conséquence, la concertation ne peut aucunement favoriser l’émergence de relations de « confiance » entre parties prenantes parce que d’un point de vue théorique, la confiance est une notion de l’intimité, non pertinente dans les relations entre décideurs et non-décideurs.

Les Nanotechnologies

Le thème des nanosciences et nanotechnologies a fait l’objet de controverses intenses quasiment dès le lancement, aux Etats-Unis tout d’abord puis dans de nombreux pays, des grands programmes de recherches dédiées, dès la fin des années 1990.

Les « nanos » ont une double particularité. D’un côté, elles concernent des applications potentiellement sans limite puisque les nanomatériaux trouvent des débouchés dans quasiment tous les domaines : l’alimentaire, le militaire, l’énergie, le médical, l’aéronautique… De l’autre, elles créent trois problèmes majeurs : les risques pour l’environnement et la santé, les questions éthiques (manipulation génétique, transformation du vivant) et les menaces sur les libertés publiques (contrôle accru grâce aux puces RFID, stockage des données). Aucune autre technologie antérieure aux nanos a, à la fois, touché un spectre aussi large d’applications et concentré plusieurs grands problèmes.

Compte tenu de l’ampleur des transformations annoncées, on a pu assister, au niveau international, à des convergences contestataires qui se sont instruites des problèmes soulevés par le nucléaire, les OGM, l’amiante… selon un processus d’accumulation « d’expérience des risques ».

En France, les mobilisations ont conduit l’Etat à recourir à un débat public que la CNDP organisera entre 2009 et 2010. L’échec apparent de ce débat national – plusieurs séances n’ont pu se tenir pour cause de blocage – a souvent masqué la portée de ce débat qui a su « déborder » le cadre prévu par la CNDP et se déporter dans une myriade d’autres espaces d’échange et de confrontation. Ainsi, le débat national CNDP a non seulement contribué à mettre en visibilité les mobilisations anti-nanos (jusque-là restées relativement spatialisées), mais, également, a participé à la constitution d’un espace public autonome particulièrement vivace pendant plus de deux années maintenant une mobilisation civique très active.

L’idée qu’un point de non-retour – largement exprimée lors des multiples débats publics – pourrait être atteint si la commercialisation des nanoproduits devait s’étendre, a incité les associations à traiter le problème « le plus en amont possible », en demandant un contrôle sur les recherches en nanosciences. Ces revendications sont innovantes pour des associations engagées sur le thème des risques « environnement-santé » qui interviennent traditionnellement après coup pour tenter de contrôler les développements technologiques et leurs applications. Avec les nanos, le tissu associatif déplace ses revendications en exigeant d’avoir un droit de regard sur les recherches académiques et leurs financements. Ces revendications, mettant en cause la recherche fondamentale, deviennent un enjeu de démocratisation appelant une évolution des rapports entre la sphère civique et la sphère de la recherche académique. Les débats révèlent alors une situation de rupture marquée par des oppositions fortes entre citoyens et chercheurs, lesquels ne reconnaissent pas la légitimité des citoyens à participer à l’élaboration des politiques de recherche. Ainsi, au-delà des désaccords entre les associations, l’opposition d’une partie des scientifiques à l’idée d’ouvrir les instances de la recherche et les laboratoires aux citoyens freine ce mouvement de « démocratisation de la science ».

Cette opposition de la part des chercheurs, mise en public lors des débats, représente une rupture. En effet, dans les années 1970, les mouvements qui interrogent les « sciences en société » ne manifestent pas de clivage ou de tensions entre les chercheurs et le tissu associatif. D’une part, les contestations prennent le plus souvent leur source dans le milieu scientifique lui-même : physiciens nucléaires, généticiens, biologistes… se mobilisent contre certains développements scientifiques et technologiques.

Pour ce qui est des effets des mobilisations et des débats, en 2022, contrairement à ce qui a été couramment prophétisé, la réalité est restée très en-deçà des annonces et, ce, dans tous les pays du monde. Les quelques publications académiques sur le sujet montrent que les innovations, donc la réalité industrielle, sont encore loin d’une réalisation des promesses de transformer le monde, que ce soit en France, en Chine, en Afrique du Sud, par exemple. Les contestations et les débats qui ont contribué à leur visibilité et leur portée ont, sans doute et pour une part, freiné les initiatives technologiques et industrielles. Les succès de laboratoire ne deviennent des innovations qu’à la condition de pouvoir être maîtrisées, technologiquement et économiquement (par exemple, les nanotubes de carbone, emblématiques des propriétés extraordinaires et des risques environnement-santé, ne se sont pas industrialisés tout particulièrement en Europe).

A ce stade, l’inscription des nanos dans la transition écologique est donc encore possible.

ACCS : L’ADEME avait publié en 2007 le Guide de l’éco-communication, puis en 2020 le Guide de la communication responsable. Vous publiez, juste deux ans après, la deuxième édition de ce guide. Qu’est-ce qui explique que seulement après 2 années, vous décidez la publication d’une nouvelle édition ? Quels sont les éléments de contexte qui vous ont motivée pour cela ?

Valérie Martin : Lorsque nous avons publié le guide de la communication responsable de l’ADEME en janvier 2020 avec Mathieu Jahnich et Thierry Libaert[1] , nous pressentions déjà que de profondes modifications allaient transformer le secteur de la communication, du marketing et de la publicité.

Les débats avaient démarré dans le courant du second semestre 2019 et se sont renforcés au cours du 1er semestre 2020 avec de nombreuses contributions déterminantes qui sont venues nourrir et enrichir concrètement la réflexion. Que ce soient via les travaux de la Convention citoyenne pour le climat, les rapports des ONG tels que « Big Corpo. Encadrer la pub et l’influence des multinationales : un impératif écologique et démocratique. » par les Amis de la Terre France, Résistance à l’agression publicitaire et Communication sans frontières ou encore Le rapport « Pour une loi Évin Climat» des ONG Greenpeace France, Réseau Action Climat et Résistance à l’agression publicitaire, nous ne pouvions que ressentir l’accélération de la pression exercée par des communautés très variées (scientifiques, experts, ONG, collectifs de citoyens…) ces questions ont été amenées au cœur même du débat public. Et même si elles se sont majoritairement concentrées autour du rôle de la publicité et de son impact sur la surconsommation, nous avons pu voir leur répercussion sur l’ensemble de la filière communication-marketing, mais aussi sur les médias.

Durant toute la phase d’écriture (2ème semestre 2021 à l’été 2022), nous avons pu en outre assister à des évolutions qui ont placé la question de la communication responsable dans une dynamique de changement structurel, et non plus dans une simple tendance conjoncturelle. On peut citer par exemple au niveau français la dénonciation régulière des actions de greenwashing par les membres du collectif « Pour un réveil écologique » et comme un corollaire le phénomène de judiciarisation face à ces pratiques commerciales trompeuses, bien sûr l’entrée en vigueur de nombreuses dispositions des lois anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) ou Climat & Résilience, sans oublier l’accentuation de la prise en compte de ces problématiques au niveau européen avec la volonté de renforcer l’information du consommateur.

Voilà ce qui nous a conduits à la publication de cette seconde édition largement enrichie puisqu’elle a doublé par rapport à la première !


[1]Les co-auteurs du guide de la communication responsable de l’ADEME : Mathieu Jahnich, Valérie Martin, Thierry Libaert

Le Guide de la communication responsable, édition enrichie 2022, ADEME

Pouvez-vous nous présenter les modifications essentielles pour cette nouvelle édition ?

V.M : Il faut sans doute déjà dire que le Guide de la communication responsable aborde bien sûr toujours les sujets traités dans la première édition : que ce soit la présentation des grands enjeux écologiques, les limites du modèle linéaire, le nécessaire déploiement d’une économie circulaire, la lutte contre le greenwashing, le très pratico-pratique chapitre dédié à l’éco-socio-conception des supports (édition, communication numérique, événementiel, production audiovisuelle) ou encore la communication de crise.  Nous avons quand même réalisé un véritable travail d’enrichissement et d’actualisation de ces différentes parties ! Nous avons également décidé de développer de nombreux autres sujets qui entrent dans le champ de la communication responsable et que nous n’avions pas exposés précédemment : les nouveaux récits et le déploiement d’imaginaires alternatifs désirables plus compatibles avec les transitions écologique et sociale – donc sobres – qu’il est indispensable de faire émerger pour rompre avec le modèle économique dominant ; ce sujet intègre bien sûr le combat contre les stéréotypes de modes de vie qui vont à l’encontre de la modération de la consommation et donc véhiculent certaines représentations nous incluant dans un imaginaire du bonheur fondé principalement sur la possession et l’accumulation des biens. Les questions de l’infobésité et de la lutte contre les fake news sont aussi largement mises en avant au sein de cette nouvelle édition car elles ont des effets délétères sur la communication ; tout comme un focus sur la défiance et la société du doute dans laquelle nous évoluons. Enfin, deux nouveautés majeures : la communication au service de la résilience des territoires car face aux crises systémiques auxquels les territoires sont confrontés (les collectivités jouent un rôle clé pour relever ces défis qui passe par la co-construction d’un nouveau projet de territoire et l’accompagnement des changements de comportement nécessaires porté par la communication publique notamment) ; l’autre nouveauté c’est celle de la transformation des entreprises et donc de celle du modèle d’affaires qui induit nécessairement de nouveaux rôles et pratiques des fonctions communication et marketing. Nous abordons d’ailleurs cette question d’un marketing plus responsable de manière plus approfondie afin de partager des initiatives et des éléments concrets pour changer les pratiques.

Par ailleurs, nous nous sommes appuyés sur plus de 80 experts afin d’enrichir le guide avec des analyses et de nombreux exemples pour accompagner nos lecteurs dans la mise en œuvre de leur démarche de communication responsable.

A qui s’adresse ce guide ?

V.M : Notre volonté est que ce guide s’adresse à un public très large. Concrètement, cela signifie que tous les communicants, publicitaires et marketeurs du secteur privé comme du secteur public mais aussi du secteur non-marchand sont concernés par les contenus du guide. Au-delà, alors que le contexte actuel nécessite de mettre en place des stratégies RSE ambitieuses dans les organisations (et donc de renforcer la synergie entre les équipes de la RSE et de la communication), ce guide sera également un outil très utile pour les professionnels de la RSE ; nous avons identifié un parcours de lecture spécifique d’ailleurs pour ces personnes. Enfin ce guide s’adresse à tous les enseignants et étudiants de ces différents domaines de la communication, du marketing, de la RSE et aussi en sciences politiques, administration générale, commerce et management. Il y a une forte attente de la part des professionnels en activité ou des futurs professionnels à s’investir dans une communication plus responsable et de (re)donner du sens à leur métier et à leur engagement. Véritable outil de formation, ce guide a pour ambition d’accompagner le nécessaire changement en profondeur de la fonction communication et marketing.

Quel regard portez-vous sur la prise en compte de la communication responsable dans les organisations, vous semble-t-elle désormais partagée dans la plupart des organisations ?

V.M : Nous pouvons déjà noter que le secteur de la communication semble comprendre la nécessité de faire sa propre « révolution » car la défiance est telle aujourd’hui que sans une modification profonde de ses fondements et pratiques ce secteur ne réussira pas à promouvoir et à faire la pédagogie d’un nouveau modèle de société. En tant que puissant vecteur de transformation culturelle, la communication, et donc les communicants, doivent en effet prendre leur responsabilité face à ces évolutions et accompagner le changement collectif au service d’un imaginaire d’une sobriété désirable et non plus d’un imaginaire lié à la surconsommation.

Progressivement, on voit se dessiner cette dynamique collective, même si une vigilance forte reste de mise afin de lutter contre certaines pratiques que l’on constate régulièrement. Preuve en est les cas de greenwashing systématiquement dénoncés comme je le mentionnais tout à l’heure ! Les citoyens sont aussi de plus en plus sensibilisés et attendent des marques un discours sincère et cohérent[1] : 84% déclarent avoir besoin de preuves tangibles lorsque les entreprises souhaitent communiquer sur leurs engagements en faveur de la planète et de la société.

Toutefois, les choses commencent à bouger. Tout d’abord, on assiste à un mouvement de formation aux enjeux de la transition écologique, aux bonnes pratiques de communication responsable et à de nouvelles démarches de travail qui se met en place tant dans les organisations (entreprises, collectivités, Etat) qu’au sein des agences. Dans les écoles et les universités pareillement ce sujet semble gagner du terrain. C’est un premier pas indispensable ! A cet effet, je ne résiste pas au fait de citer comme indicateur le nombre de commandes de notre guide dans les 15 jours ayant suivi son édition, près de 800 guides, ce qui est pour nous un excellent résultat ; c’est beaucoup plus important que pour la précédente édition ! Le guide de l’ADEME apparaît comme un guide de référence.

Par ailleurs, je remarque aussi que de nombreux webinaires, colloques sont organisés autour de ces thématiques par des réseaux variés et en particulier des réseaux de professionnels de la communication tant au niveau national que régional. On voit par ailleurs se développer des outils mesure de l’empreinte carbone des communications dans l’optique à terme de définir leur trajectoire climat pour réduire leur impact. L’intérêt est donc manifeste. Bien sûr, il y a du débat, des interrogations et encore des résistances, ce qui est un phénomène auquel on pouvait s’attendre compte tenu de la modification des pratiques et plus largement du modèle de fonctionnement à entreprendre.

Enfin, on constate que ce ne sont plus simplement certaines grandes entreprises ou agences spécialisées qui s’emparent de cette thématique. De nombreux acteurs s’y intéressent et commencent à investir le sujet : entreprises de toute taille, collectivités territoriales, agences de communication et de publicité, réseaux de marketeurs… Nous voyons par ailleurs bouger le secteur des médias avec la “Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique” lancée le 14 septembre dernier.

Cette forte attente sur ces sujets est positive, toutefois le mouvement doit encore s’accélérer afin que ce secteur puisse devenir un des leviers de la transition écologique et de la transformation de notre société. Car tel est bien l’enjeu.


[1] Source : 15ème baromètre Greenflex- ADEME

En plus du livre, vous avez mis en place un site internet sur la communication responsable. Que peut-on y trouver par rapport au livre ?

V.M : Oui, l’ADEME a souhaité mettre en place dès la première édition du Guide en 2020 un site internet sur la communication responsable : communication-responsable.ademe.fr. Il s’agit d’un véritable prolongement du guide, un hub d’informations sur la communication et le marketing plus responsables afin de pouvoir partager des contenus régulièrement actualisés. Dans cette optique, nous avons d’ailleurs décidé de refondre notre site à l’occasion de la sortie de cette nouvelle édition de notre guide, avec pour objectif de mettre en avant l’essentiel des informations à connaître sur les différentes problématiques traitées dans le guide, mais aussi pour partager davantage d’outils pratiques, de résultats d’études et bien sûr de témoignages d’acteurs engagés. Bref, c’est un outil d’inspiration et de valorisation de l’expertise… qui permet d’être toujours informé et d’accompagner les communicants dans le passage à l’action vers des pratiques de communication plus responsables.

Christophe Roux-Dufort, membre de notre Conseil Scientifique, Professeur dans le département de management à la Faculté des Sciences de l’Administration de l’Université Laval, est un spécialiste de la gestion de crise, sujet sur lequel il a répondu à nos questions.

1) Après la crise Covid, nous avons l’impression que les choses redeviennent comme avant, pourquoi sommes-nous incapables de tirer les leçons des crises ?

Parce que les inerties et les équilibres qui ont été perturbés par la pandémie ont des racines bien plus profondes que nous le pensions naïvement au début de l’épisode. Nous avons constaté durant cette période à quel point la planète était en en mesure de se régénérer rapidement dès lors que nous avions un peu moins prise sur elle. Nous avons même cru que cette pandémie pouvait être une sorte de point de départ à une prise de conscience collective sur les limites et les dégâts causés par nos idéologies de progrès et de développement. Comme pour beaucoup de crises, on aurait pu s’écrier à nouveau : plus jamais ça ! Mais il aurait surtout été question de nos choix de civilisation et non pas d’une nouvelle pandémie. Plus jamais les mêmes choix.

Malheureusement je crois qu’un changement de civilisation, parce que c’est
bien de cela dont il est question, passe sans aucun doute par une série de chocs successifs et parfois plus violents, pour que les forces de transformation et de changement l’emportent sur les forces d’inertie. Disons que nous avons vécu en modèle réduit et pendant une période courte (à l’échelle de l’histoire) ce que sans doute nous aurons à vivre dans des temps futurs. Il est toujours difficile de tirer des leçons de crise tant que nous ne comprenons pas que nous sommes la cause de cette crise. Tant que l’on pense que cette crise est seulement le fruit d’un virus qui s’est répandu sur la terre, alors la pandémie restera une crise sanitaire que l’on peut tenter d’endiguer avec notre savoir-faire scientifique et économique pour garder les populations en santé et soutenir nos économies destructrices (et creuser ainsi les déficits). Il n’y pas de remise en question très profonde. C’est une vue des choses. Lorsque l’on verra la pandémie comme le révélateur d’une civilisation fragile, apeurée et poussée à ses limites alors peut-être que d’autres questions et d’autres apprentissages surgiront.

2) Vous vous intéressez récemment, notamment sur la base des travaux de vos doctorants, aux questions de psychologie en gestion de crise, pouvez-vous nous présenter ces recherches ?

Les axes de recherche que nous poursuivons touche à deux dimensions
particulières. Avec Mary-Liéta Clément nous explorons la dimension tragique des crises en empruntant aux travaux sur la tragédie grecque. Cette approche permet de comprendre un peu mieux le comportement des gestionnaires ou des équipes de crise soumises à un événement où il est tout simplement trop tard pour agir. Prenez l’exemple du pilote Chesley Sullenberg qui grâce à son amerrissage sur la rivière Hudson à New York, le 15 janvier 2009 juste après avoir décollé, a sauvé l’ensemble des passagers et du personnel de bord. Il sait à un moment précis qu’il est trop tard et que le destin de l’avion est scellé.

Dans ce genre de situation les responsables vont devoir faire des sacrifices. On cherche donc à comprendre comment se font ces sacrifices, surtout que la plupart du temps, les sacrifices à faire touchent des ressources ou des actifs vitaux. Les choix sont donc cornéliens et doivent se faire dans des temps très courts surtout lorsqu’il s’agit de sacrifier des vies. Le deuxième axe de recherche porte sur le leadership de crise. Nous explorons cette dimension sous l’angle d’une approche esthétique.

L’approche esthétique est une façon d’aborder le comportement humain à travers des ressentis, ses émotions et ses expressions et manifestations corporelles. Avec Cheick Diaby nous cherchons à comprendre comment se manifeste le leadership en situation de crise grâce au mouvement des corps et l’expression émotionnelle et ce dans plusieurs situations comme les cellules de crise ou les interventions sur les terrains difficiles.

3) Depuis que vous avez commencé vos travaux en gestion de crise, qu’est-ce qui vous semble avoir le plus changé ?

C’est un champ qui évolue peu. En dépit de l’évolution du phénomène de crise et notamment avec l’influence qu’ont les réseaux sociaux et les nouveaux médias dans le déclenchement et l’amplification des crises, il y a eu somme toute assez peu d’avancées dans le domaine. Je crois que cela est lié principalement au manque de travail théorique sur le concept de crise qui aujourd’hui se trouve noyé dans une multitude de concepts proches et surtout d’approches très instrumentales développées par le monde du conseil.

Il est très étonnant de constater à quel point le concept de crise est très structurant dans d’autres disciplines comme l’économie, les sciences politiques ou la psychologie et en quoi il est quasiment absent dans les théories de l’organisation alors qu’il pourrait fournir justement un étayage théorique intéressant pour témoigner des processus de transformation. On l’étudie sans doute encore un peu trop du point de l’événement exceptionnel dont il faut rapidement réduire les conséquences alors que la crise est surtout un processus de changement profond.

4) Après les fortes inondations de l’an dernier en Allemagne et en Belgique, de nombreux pays ont connu la canicule et de nombreux feux de forêts, pensez-vous que les méthodes de gestion de crise puissent être appliquées à la crise climatique ?

Je n’en suis pas sûr. Ce serait prendre un marteau pour enfoncer le pylône d’un pont dans le lit de la rivière. La crise climatique de mon point de vue n’est qu’une facette, une simple facette d’une crise de civilisation. Elle en est le révélateur le plus saillant en ce moment. La pandémie en fut un autre. Les guerres sans doute aussi. Je ne crois pas qu’en l’état actuel de son avancement, ces méthodes et ces concepts puissent apporter une réponse sinon locale et temporaire dès lors qu’il s’agit de parer aux urgences que les manifestations multiples du dérèglement climatique telles que les inondations ou les incendies.

Les savoir-faire existent pour faire face à ces événements et organiser la réponse. Ce qui pose un problème c’est leur répétition et leur ampleur qui font peser des menaces lourdes sur la capacité à rendre ses réponses efficaces sur le long terme. Donc il ne s’agit pas d’une question de méthode mais plutôt de ressources disponibles à mobiliser pour faire face à l’extension et la fréquence des phénomènes.

5) On a parfois l’impression que pour de nombreuses organisations, la gestion de crise se réduit à de la communication de crise. Que pensez-vous de la relation gestion/communication de crise ?

C’est un classique. En effet la gestion de crise se confond souvent avec la
communication de crise. Cet aspect est important, c’est indéniable. Le problème survient plutôt lorsque l’image et la réputation deviennent les clés principales de la décision alors qu’au fond la crise est d’une toute autre nature.

Les priorités des organisations aux prises avec une situation de crise sont souvent la préservation des intérêts (le terrain juridique) et la préservation de la réputation (le terrain de la communication). Ces deux priorités ne s’arrangent d’ailleurs pas toujours très bien. Ceci est à l’image de l’évolution de nos sociétés dans lesquelles l’extension du domaine de la victime devient presque infinie. Nous pouvons littéralement tous revendiquer le statut de victime à un moment ou un autre et ainsi poser de nombreuses difficultés aux organisations. Mais il y aussi ce culte de l’image omniprésent qui lui donne un statut particulier au sein de nos sociétés. L’image est devenue notre bouclier, notre paravent, le masque permanent de nos faiblesses ou de nos infortunes. Certains réseaux sociaux sont des odes à la bonne image, la belle image qui véhicule la beauté, la perfection, le modèle ou la réussite. Ce n’est plus une tendance c’est devenu une obsession.

En ce sens la communication et en particulier la communication de crise devient un des bras armés qui brandit le bouclier de la réputation pour gérer les crises dans lesquelles il s’agit de masquer les imperfections d’une organisation ou d’un dirigeant.

1) Quelle est l’idée à l’origine de la création de Code ?
L’idée est double. Créer un espace citoyen, d’où la forme associative, et un lieu de réflexion collective, dans une logique de “Think Tank», pour analyser et faire des propositions sur les enjeux démocratiques, environnementaux, sanitaires liés aux activités de communication et d’influence des grandes entreprises mais aussi des associations.

CODE est constitué de personnalités qualifiées sur ces sujets : universitaires, issus de plusieurs disciplines, professionnels de la communication et des médias, juristes ou encore responsables associatifs.

2) Comment CODE est il structuré ?
Les membres du CA se réunissent toutes les six semaines environ pour prendre les décisions nécessaires à la mise en œuvre des orientations définies annuellement par l’assemblée générale. Ils s’appuient sur un bureau, et sur un secrétariat permanent composé d’une personne salariée à plein temps.

Nous avons mis en place une dynamique éditoriale : celles et ceux qui le souhaitent peuvent produire des articles d’analyses et d’opinions. Ils sont ensuite publiés avec les outils de communication de CODE : site internet, réseaux sociaux, infolettre. Un comité éditorial, composé de membres volontaires, supervise cette dynamique.

Enfin, avec les membres de CODE issus du secteur universitaire, nous construisons actuellement un Conseil scientifique. Il aura vocation d’éclairer les analyses de l’association, de baser nos propositions
sur des résultats scientifiques solides et de faire connaître aux citoyens et aux autres associations les études universitaires menées sur la communication, ses enjeux et ses effets sur la société.

3) Quels sont vos projets ?
Nous avons déjà engagé une étude importante avec un universitaire sur les enjeux économiques de la publicité en France.

Par ailleurs, nous avons identifié plusieurs plaidoyers prioritaires. A Bruxelles celui qui porte sur la réforme des pratiques commerciales trompeuses proposée par la Commission européenne. Ensuite, la réglementation de la publicité pour la malbouffe impliquée dans l’épidémie d’obésité.

Nous restons attentifs aux résultats des législatives à venir, car un renouvellement de la majorité en place conduirait certainement à une importante réforme de l’audiovisuel public et privé, sur laquelle nous ne manquerions pas de travailler.


On parle de soi et des siens, de Vérité ou de mensonges, armé de son seul « avis ».

Depuis quelques années, nous suivons l’évolution des controverses et nous avons l’impression d’une radicalité croissante. Comment expliques-tu cette montée de la radicalité dans les controverses et penses-tu que celle-ci se développe essentiellement dans le champ politique ?

On peut observer une montée et une vivacité de clivages nouveaux et des postures radicales sur tout un tas de sujets sociétaux, sociaux, ou politiques. On peut lire par ailleurs de réelles évolutions de l’opinion, au travers de sondages réguliers (baromètres) sur des questions telles que le repli sur la famille et les amis proches, la préférence pour des gens de même origine (sociale, ethnique, etc.) et le rejet des étrangers. On perçoit aussi par ailleurs les effets de la « culture du clash » que certains médias alimentent en flux quasi continu, dans l’espace public : émissions de débats, talk shows, forums en ligne, etc. Plusieurs événements socio-politiques ont permis d’observer cette polarisation et l’augmentation de la violence verbale (et parfois physique), que l’on observait habituellement plutôt dans des réseaux que les spécialistes de l’extrême droite suivaient depuis des années.

Les positions extrêmes semblent se propager dans le champs discursif et médiatique comme un remède à une forme de lassitude, de monotonie de la vie publique et politique, d’une montée de l’indifférence et de la perte de sens ressenties par une large part de la population. Castoriadis parlait d’une « montée de l’insignifiance ».

Les anciens clivages qui avaient construit l’opposition Gauche/Droite ont vécu ; les débats et affrontements entre monarchistes et républicains, conservateurs et socialistes semblent avoir perdu de leur capacité à donner du sens et une vision du monde. La question sociale a perdu de son intérêt et de son attrait. Désormais, on parle de soi et des siens, de Vérité ou de mensonges, en quasi continu et armé de son seul « avis ».

Comment perçois-tu le rôle des réseaux sociaux dans la brutalité des débats ? Sont-ils une cause ou un outil de simple expression de cette radicalité ?

Les réseaux sociaux sont comme les médias qui les ont précédés, ils accompagnent un mouvement plus large, une évolution des préoccupations, des usages nouveaux, leur donnent une résonance particulière, une rapidité et une force décuplée. En termes politiques, les nouveaux régimes médiatiques ont des conséquences : instantanéité, course à l’indignation, image contre texte, ressenti contre pédagogie… La brutalité n’est pas la même que dans les journaux d’opinion du XIXe siècle, elle est plus rapide, directe, interpersonnelle.

On parle beaucoup de la responsabilité des GAFAM et leurs algorithmes dans cette explosion de réseaux devenus incontrôlables. Mais les réseaux sociaux sont avant tout un média, une connexion qui ouvre une certaine liberté de parole qui permet de venir poser sa petite “vérité” dans un déversoir à opinions partagées (entre pairs, souvent convaincus). Ce lieu d’expression semi-public ne connait pas les mêmes règles que celles qui avaient constitué l’espace public (au sens de Habermas, notamment), puisque ne sont admises que les règles des participant-es. Ces règles, ce sont celles d’un marché concurrentiel (entre réseaux) et celles que les usagers instaurent par leurs préférences (clics, like, etc.).

Les plus férus et les plus jeunes internautes et possesseurs de smartphones jonglent ainsi parfois en continu (et sur le même appareil) entre divers réseaux groupes, sujets, styles (FB, Twitter, Whatsapp, Tik-Tok, Snapchat, Instagram, Telegram, Discord, etc.). Avec ces réseaux, nous sommes devenus des êtres multimédias, pétris de contradictions et nourris de confusion ; un peu comme les outils que nous utilisons.

Pour déconsidérer une pensée, on s’attaque de plus en plus à son émetteur. Nous avons pu théoriser cela sous la forme des stratégies d’attaque ad hominem. Quel regard portes-tu sur ces stratégies ?

L’attaque ad hominem s’est en effet largement répandue, au-delà des réseaux radicaux qui en avaient fait leur spécialité. L’effet est double : montrer sa force (son agressivité potentielle, pour impressionner les adversaires et attirer des partisans) et surtout dévier l’objet de la controverse : mettre en cause les personnes, permet de dévier la discussion de l’objet de la controverse et des arguments potentiels.

Un des éléments qui cristallisent et renforcent depuis quelques années encore un peu les haines et la radicalité croissante des propos, c’est l’apparition en nombre et en force de théories conspirationnistes qui postulent un clivage nouveau entre des « dominants corrompus » capables de cacher leurs actes en soumettant les masses, face auxquels se dresseraient des « éveillés », conscients et rebelles, qui dénonceraient cette « vérité cachée » et dénoncent celles et ceux qui seraient les instigateurs de ce grand complot multiforme. Chaque crise de confiance dans les institutions ou les dirigeants traditionnels s’accompagne d’explications simplistes des raisons qui guideraient ces dysfonctionnements. Enlèvements d’enfants pour réseaux pédophiles mondialistes, complot judéo-maçonnique et Illuminati à la tête de « gouvernements profonds », puces 5G dans les vaccins, invention du réchauffement climatique, etc. Ces « explications » du désordre du monde sont propagées massivement par les milieux ultra conservateurs américains et soutenus par des médias puissants, des grandes fortunes climatosceptiques, et des réseaux charismatiques protestants ; elles ont essaimé sur les réseaux sociaux par le biais de groupes créés ad hoc et se sont diffusés en Europe, notamment, depuis quelques années.

Les récentes flambées de colères contre le « système » ont permis à d’anciens bloggeurs et polémistes conspirationnistes jusqu’alors assez confidentiels de connaître une popularité importante, leurs thèses de prospérer, leurs idées de pénétrer le corps social. La fenêtre d’Overton de la droite radicale s’est ouverte pour laisser entrer de nouveaux paradigmes, testés en ligne et diffusés en prime. Sans reprise en main par des instances de régulation fortes, on se dirige vers des incidents, des dérapages et des accidents graves, on line et IRL

Propos recueillis par Emmanuel Bloch, Maitre de Conférence associé, Institut Français de Presse.

En tant que spécialiste de la propagande, n’avez-vous pas le sentiment que le concept de « fake news » est tout simplement la remise à neuf de vieux concepts tels que la propagande ou « l’agit-prop » de l’entre-deux guerres ou des années de guerre froide ?

En fait, la propagande représente un système général de conditionnement de l‘information et donc d’orientation des comportements. Les fake news, telles qu’elles se développement depuis 2016 sont plus limitées dans leur ambition et leur durée. Elles manifestent des usages différents des médias par rapport à l’orientation globale que voulaient donner les agitateurs et les propagandistes.

Ainsi, par exemple les opérations de désinformation mises en œuvre dans les années 50 sont très lourdes et complexes. Il faut mobiliser alors de gros moyens pour être crédible. Si l’on prend le cas du Guatemala, pour faire sauter le président Arbenz, la CIA monte une fausse radio pour faire croire à la présence de communistes dans le pays.

Aujourd’hui, un simple tweet et ses reprises organisées peuvent ternir l’image d’une personne de façon extrêmement rapide. Certes, il faudra peut-être une certaine quantité de messages et l’aide de « bots » pour créer une illusion de masse, mais l’effet peut être particulièrement efficace, même s’il s’avère moins durable.

Il me semble aussi que la propagande renvoyait à la croyance dans une vision du monde, alors que la fausse nouvelle n’a pas besoin d’une foi quelconque. Elle n’a ni vérité, ni philosophie, seulement son but et son éventuelle efficience. Pour le dire autrement, à l’âge de la propagande, une bonne partie des propagandistes croyaient en ce qu’ils disaient ! L’agent du KGB pensait vraiment que le monde occidental était corrompu. Aujourd’hui cela n’est plus nécessaire ; seule la « technique » et le savoir faire priment. 

Est-ce que la fake news n’est pas tout simplement « l’information de l’autre », pour parodier la fameuse maxime de Lévi-Strauss qui disait que « la superstition c’est la religion de l’autre » ?

Oui, dans une large mesure, la qualification de fake news n’est ni règlementée ni officielle. Elle est donc sujette à toutes les manipulations. Chacun est ainsi libre d’accuser ses concurrents ou adversaires de mentir et de pervertir la vérité. Mais il existe des instances, comme la presse qui parfois effectuent des vérifications et peuvent mettre à nu les véritables fausses informations. Tout n’est donc pas relatif.

Pensez-vous que l’on peut réellement combattre l’extension des fake news ?

Il est vrai que si le constat est aisé à réaliser, l’apport de solutions semble beaucoup plus complexe. Il y a bien sûr l’éducation des citoyens, mais cela prend du temps. Viennent ensuite les solutions humaines de vérification. La presse et les médias généralistes s’y emploient au point que le « fact checking » est devenu un genre journalistique.

Mais il existe aussi bêtement des solutions techniques qui s’élaborent progressivement comme les analyses des reprises de messages, les filtres par des algorithmes en fonction de mots clés, ou des analyses de diffusion des messages suivant les réseaux sociaux.

Ce sont des solutions encore « cousues main » pour l’instant mais qui deviendront plus fréquentes à l’avenir.

Enfin, il y a la pression des opinions qui poussent les plateformes et les réseaux à effectuer un travail de modération, souvent automatisé, toujours plus fin.

La modération réalisée par les plateformes est-elle est solution réaliste ? En effet, elle est soit raillée pour son inefficacité comme vient de le dénoncer la lanceuse d’alerte Frances Haugen, soit perçue comme une insupportable atteintes à la liberté d’expression, une privatisation de la censure.

Je ne comprends votre scepticisme. Oui, la liberté d’expression est en train de changer. Elle passe aujourd’hui par les agents en fonction de valeurs implicites. Mais le but est d’éviter les manips, c’est-à-dire les manipulations professionnelles pour un objectif politique ou économique. Et de réduire les bulles de croyances douteuses, les mania, ces fameuses manipulations amateures. A ce seul prix, les fragiles démocraties qui reposent sur le fondement de la vérité pourront continuer d’exister.

Vous semblez donc optimiste. Selon vous, nous pourrions nous débarrasser des « fake news » ?

Si nous avions collectivement la volonté de la faire, ce serait une évidence. Mais la concurrence entre les Etats et la réalité de nos propres turpitudes rendent peu probable la fin des fake news.

De plus, nous avons changé de paradigme en rencontrant d’autres cultures à l’échelle mondiale.

Notre attachement à la vérité, lointain héritage du monde grec ancien, est aujourd’hui mis en cause par le déploiement de la vision chinoise du monde. Pour eux, le vrai compte moins que l’efficace.

Le nouveau monde s’ouvre sur un compromis entre ces valeurs concurrentes.

Propos recueillis par Rita Fahd

1. Cela fait plusieurs années que tu travailles sur la communication environnementale. Peux-tu nous présenter l’origine de ta démarche ?

En 1999, alors que je terminais ma formation universitaire en sciences dures, je suis tombé sur les travaux d’une chercheuse grecque qui étudiait le traitement par les médias de la pollution de l’eau. Je me souviens encore de son nom : Yolanda Ziaka. J’ai trouvé cela passionnant et j’ai décidé de suivre sa voie, sur une autre thématique qui me tenait à cœur : la qualité de l’air en milieu urbain.

J’ai obtenu un financement du Ministère de la recherche pour réaliser ma thèse de doctorat sur le sujet. J’ai alors analysé les discours médiatiques et aussi ceux des constructeurs automobiles (le greenwashing était déjà bien présent), j’ai réalisé des entretiens pour comprendre les perceptions et les comportements du public et j’ai proposé des recommandations pour inciter les autorités publiques à mieux communiquer, en particulier sur les impacts sur la santé de la pollution de l’air.

Je garde de cette période le goût de l’analyse des discours et des postures d’acteurs, l’ouverture aux parties-prenantes et la volonté de produire des recommandations utiles aux décideurs, qu’ils soient publics ou privés.

2. Selon toi, qu’est-ce qui a le plus évolué dans la communication environnementale des entreprises ?

Il me semble que toutes les entreprises sont désormais conscientes des multiples impacts environnementaux et sociaux de leur activité et des attentes de la société civile pour réduire ces externalités négatives et mieux partager les bénéfices. Elles disposent d’outils et de méthodes pour évaluer leurs impacts, définir des stratégies pertinentes et mettre en œuvre des actions de réduction.

Les communicant·es qui travaillent dans ou au service de ces entreprises ont également accès à des ressources leur permettant de prendre du recul et d’identifier des leviers d’action, comme le Guide ADEME de la communication responsable et à de nombreuses analyses critiques d’actions de communication environnementale (cas de greenwashing, trophées de campagnes inspirantes…).

Autrement dit, tous les éléments sont réunis pour que les professionnelles et les professionnels de la communication se saisissent des enjeux et mettent en œuvre les principes de la communication responsable pour valoriser l’engagement de leur entreprise et fassent connaître leurs produits et services.

3. Tu t’intéresses plus particulièrement à la régulation de la publicité environnementale, quel bilan peux-tu effectuer de la jurisprudence du jury de déontologie de la publicité ?

Effectivement, j’analyse et je « teste » le dispositif d’auto-régulation publicitaire à travers mes activités d’expertise (la contribution au bilan « Publicité et environnement » ARPP-ADEME), de recherche (l’analyse des arguments d’annonceurs confrontés à des accusations de greenwashing) et citoyennes (le signalement au Jury de déontologie publicitaire de publicités litigieuses).

Plusieurs affaires récentes témoignent selon moi d’un assouplissement de l’interprétation des règles déontologiques par le JDP. Les allégations suivantes ont ainsi été jugées conformes aux règles déontologiques :

Le rejet de ces plaintes est un mauvais signal envoyé aux annonceurs et à leurs agences, dans un contexte où les produits et services sont plus naturels et responsables les uns que les autres, où les entreprises sont toutes engagées pour la « neutralité carbone » ou pour un monde « durable ». Ces allégations contribuent selon moi à la perte de confiance grandissante entre les publics et le discours des entreprises. Elles devraient être sanctionnées.

4. Tu n’as pas pris position sur le projet de loi climat / énergie sur son volet publicité. Quel jugement portes-tu sur ce projet ?

Je trouve que le projet de loi n’est pas à la hauteur des attentes de la société civile, pourtant clairement exprimées par la Convention Citoyenne pour le Climat. Il me semble que la problématique principale, qui n’a pas été traitée, est celle de l’exposition des publics aux messages publicitaires. Comment réduire le nombre de messages auxquels nous sommes exposés quotidiennement ? Ils nous incitent à acheter toujours plus de biens (même plus responsables) et continuent à propager l’idée du bonheur par la consommation. Ils vont à l’encontre du principe de sobriété et empêchent d’autres messages d’émerger comme ceux portés par des collectifs locaux qui agissent et proposent des solutions alternatives tout autour de nous.

Prenons simplement l’exemple de la multiplication des publicités pour des véhicules de type SUV. Ils sont peut-être hybrides ou électriques mais ces publicités continuent à valoriser le modèle de la voiture  individuelle, toujours plus grosse, lourde et suréquipée, et viennent contrecarrer le développement des mobilités douces et des transports collectifs et masquent les autres impacts liés à leur fabrication et à leur fin de vie. Comment faire comprendre aux Français qu’acheter un tel véhicule est contraire aux objectifs de lutte contre le changement climatique et qu’il faut réfléchir ensemble et chercher à changer nos habitudes de déplacement si on les bombarde de publicités qui valorisent leur possession et le « plaisir de conduire » ?  

5. Dans ce projet, il y a désormais un article assimilant le greenwashing à une démarche commerciale trompeuse. Penses-tu que cela freine le greenwashing ?

Les actions judiciaires contre l’utilisation abusive de l’argument écologique sont déjà possibles sur le fondement de l’interdiction des pratiques trompeuses, mais il faut reconnaître qu’elles restent rarissimes ! Le projet de loi devrait mettre un coup de projecteur sur le greenwashing et pourrait inciter la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et les juges à davantage se saisir du sujet.

Mathieu Jahnich, consultant-chercheur en marketing, communication et
transition écologique.

Pour plus d’informations : www.mathieu-jahnich.fr